L’approche motivationnelle, aussi appelée « entretien motivationnel (EM) », est un style de communication collaboratif, qui favorise le discours vers le changement. Elle vise à renforcer la motivation et l’engagement de la personne en explorant ses propres raisons de changer, dans un climat de respect,
d’empathie et de non-jugement.
Cette approche cherche à encourager la réflexion d’une personne ambivalente pour de l’orienter vers le changement en se concentrant sur ses valeurs et ses forces. La personne a conscience des effets négatifs de ses comportements, mais trouve également du réconfort dans cette situation.
Son ambivalence peut également s’exprimer par une crainte face à l’incertitude que représente le changement. Dans ce contexte, l’approche motivationnelle vise à susciter une réflexion profonde, à explorer les valeurs personnelles et à accompagner la personne vers une vision de l’avenir qui soit cohérente avec ses aspirations.
Cette méthode d’accompagnement bienveillante, qu’elle soit individuelle ou en groupe, encourage la personne à changer en lui offrant un soutien non directif. L’intervenant·e agit comme un guide, un·e facilitateur·trice et un miroir empathique.
Pour les intervenant·es, il importe de développer des compétences solides en ce qui a trait au processus de changement, plutôt que de maîtriser tous les enjeux que peut vivre la personne (dépendance, santé mentale, santé physique, itinérance, etc.). Une formation est nécessaire pour bien maîtriser cette approche.
L’approche motivationnelle est particulièrement indiquée dans le cadre d’interventions auprès de personnes vivant avec un trouble concomitant (trouble de santé mentale combiné à l’usage de substances psychoactives). Il permet d’explorer les liens entre les comportements de consommation et les symptômes psychiques, tout en favorisant la prise de conscience et la responsabilisation dans un climat de respect et de sécurité.
En adoptant une démarche axée sur la compassion et centrée sur la personne, l’intervenant·e crée un espace propice à l’émergence de la motivation au changement, à la réduction des comportements à risque et, ultimement, à l’amélioration durable de la qualité de vie. Cela est toutefois plus facile à dire qu’à faire. Les intervenant·es non formé·es à cette approche risquent d’appliquer, sans s’en rendre compte, une approche prescriptive, comme c’est généralement le cas pour d’autres traitements.
Marc, un homme de 34 ans, est suivi dans un centre de réadaptation en dépendance avec des services en santé mentale. Il présente un trouble anxieux généralisé (TAG) diagnostiqué depuis plusieurs années, auquel s’est ajoutée une consommation de benzodiazépines depuis environ un an et demi. Marc avait obtenu une prescription d’Ativan (lorazépam) de son médecin, pour un usage au besoin, lors de crises de panique. Il a commencé à en consommer, sur une base quotidienne, et il s’est tourné vers le marché illicite pour pallier les quantités désormais insuffisantes de sa prescription. Sa consommation est devenue un mécanisme d’adaptation face à l’anxiété, mais elle entraîne une fatigue persistante, des difficultés professionnelles, et un isolement social croissant.
Bien qu’il ait accepté de rencontrer une intervenante psychosociale, Marc se montre ambivalent face à l’idée de changer sa consommation. Il affirme ne pas vouloir arrêter complètement, car les « benzos » lui procurent un soulagement temporaire face à ses symptômes anxieux.
Lors de la première rencontre, l’intervenante adopte une posture centrée sur l’écoute bienveillante, l’absence de jugement et le respect du rythme de la personne. Elle cherche avant tout à établir un lien de confiance et à mieux comprendre les motivations de Marc, tant pour maintenir sa consommation actuelle que pour envisager un éventuel changement. Plutôt que de l’affronter ou de diriger la conversation, elle utilise des techniques issues de l’approche motivationnelle, notamment l’exploration de l’ambivalence et la reformulation empathique.
Durant l’entretien, Marc en vient à reconnaître que, malgré les effets positifs perçus des « benzos » à court terme, ces substances contribuent également à accentuer certains aspects négatifs de sa vie, notamment la perte de stabilité, l’éloignement de ses proches et un sentiment d’épuisement constant. Cette prise de conscience est facilitée par l’utilisation d’une balance décisionnelle, qui permet de mettre en lumière les avantages et les inconvénients de la situation actuelle versus ceux associés à un changement.
L’intervenante appuie Marc dans l’identification de ses valeurs et objectifs personnels, sans imposer de solution. Ensemble, ils conviennent qu’il pourrait être pertinent d’envisager des moyens complémentaires pour gérer son anxiété, tout en réduisant peu à peu sa consommation. Marc manifeste un intérêt à recevoir de l’information sur les ressources disponibles, notamment un groupe de soutien communautaire pour la gestion de l’anxiété, et exprime le désir de réfléchir à des stratégies pour limiter sa consommation pendant la semaine. L’intervenante saisit l’occasion pour développer avec Marc un plan d’intervention qui lui permettra de s’investir dans les changements qui le motivent. Elle l’encourage aussi à solliciter son équipe soignante du Centre de réadaptation en dépendance (médecin traitant, infirmière) pour établir un plan de sevrage graduel.
Établir une relation de confiance entre l’intervenant·e et la personne concernée avant d’amorcer le processus de changement.
Soutenir la personne dans ses choix et reconnaître ses préoccupations, en la plaçant au centre de la démarche.
Vous souhaitez obtenir plus d’informations concernant le projet TC ou vous aimeriez y contribuer? Communiquez avec nous!
Restez à l’affût de l’actualité dans les domaines de la dépendance.
Association des intervenants en dépendance du Québec Année tous droits réservés - Politique de protection de la vie privé - Réalisation Agence Riposte