Les approches sensibles aux traumas et aux violences (ASTV) visent à adapter l’intervention en tenant compte du vécu traumatique d’une personne, ainsi que de l’impact durable que ces expériences peuvent avoir sur son bien-être, sa santé mentale, son comportement et sa capacité à entrer en relation. Elles s’appuient sur une compréhension approfondie des effets du trauma et utilisent les forces et la résilience
comme leviers de changement.
Ces approches s’articulent également avec des perspectives féministes et intersectionnelles, en reconnaissant que les expériences de violence et de trauma sont souvent façonnées par des rapports de pouvoir systémiques liés au genre, à la race, à la classe, à l’orientation sexuelle ou à d’autres formes d’oppression, telles que les troubles de la santé mentale et la dépendance.
Les ASTV reconnaissent que les événements traumatiques, qu’ils soient uniques ou répétés, visibles ou invisibles, peuvent affecter profondément toutes les sphères de la vie, notamment les relations interpersonnelles, l’estime de soi, le sentiment de sécurité, la capacité de décision, ou encore le rapport au corps.
L’objectif n’est pas de traiter directement les traumatismes comme le ferait une thérapie spécialisée, mais de créer un cadre d’accompagnement qui réduit les risques de « retraumatisation». Ce cadre d’accompagnement pourrait ainsi éviter une seconde victimisation institutionnelle et soutenir la reprise de pouvoir de la personne sur sa vie.
Les ASTV ne sont pas une méthode unique, mais un ensemble de principes et de pratiques relationnelles qui favorisent la sécurité, la dignité et la reconnaissance du vécu de la personne. Elles nécessitent une posture professionnelle empreinte d’écoute, d’humilité et de vigilance éthique. Les institutions autant que les organisations auraient avantage à utiliser ce type d’approche.
Les ASTV sont particulièrement indiquées dans le cadre de l’intervention auprès
de personnes présentant des troubles concomitants (santé mentale et consommation de substances), car une proportion considérable de ces personnes a vécu des traumatismes importants. Le lien entre trauma et consommation est bien documenté : la consommation peut devenir un mécanisme de régulation ou d’évitement face à une douleur psychique non résolue.
Sarah, une jeune femme d’origine marocaine de 21 ans, a récemment été accueillie dans une maison d’hébergement pour femmes en difficulté. Elle a été orientée vers cette ressource après une hospitalisation liée à une crise suicidaire. Sarah a reçu un diagnostic de trouble de la personnalité limite (TPL) il y a environ un an. Elle présente également une consommation de substances psychoactives, principalement de la cocaïne, qu’elle utilise de manière sporadique, surtout en contexte de détresse émotionnelle ou de relations interpersonnelles conflictuelles.
Depuis son arrivée, Sarah est suivie par une intervenante psychosociale formée à l’approche sensible aux traumas et aux violences. Dès les premiers échanges, Sarah exprime une méfiance importante envers les figures d’autorité, ainsi qu’une peur constante d’être abandonnée, ce qui rend la relation d’aide fragile. Elle oscille entre des demandes intenses de soutien et des moments où elle s’éloigne brusquement, parfois accompagnés de comportements la mettant à risque.
L’intervenante tente d’instaurer une relation de confiance en respectant le rythme de Sarah, en validant ses émotions, et en reconnaissant les impacts des violences passées sur son vécu actuel. Elle reste délicate face aux sujets sensibles qui peuvent faire resurgir des traumatismes et ne pousse pas pour les approfondir davantage lorsqu’elle constate des réactions défensives de Sarah. Elle utilise des techniques d’intervention centrées sur la stabilisation émotionnelle et l’autocompassion, tout en abordant progressivement la question de la consommation de substances comme stratégie d’adaptation aux traumas non résolus. Des rencontres régulières sont planifiées, avec une attention particulière portée aux limites claires, à la cohérence de l’intervention et à la sécurité affective de la jeune femme. Lors de leur rencontre, l’intervenante tâche de miser sur les forces de Sarah et de lui fournir des outils pour faire face aux défis qu’elle traverse.
Travailler en collaboration active avec la personne accompagnée, en valorisant sa capacité d’agir et son expertise de vie;
Dans le processus d’intervention, proposer des choix concrets à la personne accompagnée, afin de renforcer son sentiment de contrôle.
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