
Dans un article publié le 16 juillet 2025 dans le Montreal Gazette, notre directrice générale Sandhia Vadlamudy réagit au rapport percutant de la coroner Julie-Kim Godin sur la crise des surdoses au Québec. Elle y déplore l’écart préoccupant entre les recommandations formulées et les actions gouvernementales actuelles.
Lire l’article original (en anglais) : Montreal Gazette – Coroner urges Quebec to increase support for safe-consumption sites
Un décès évitable
Un matin de septembre 2024, un homme de 40 ans a été retrouvé inconscient près d’un commerce de peinture dans le quartier de la Petite-Bourgogne, à Montréal. Il était seul, malgré la proximité d’un centre pour personnes en situation d’itinérance et d’une pharmacie. Les ambulancier·ères ont tenté de lui administrer de la naloxone, sans succès. Il est devenu l’une des 600 personnes décédées d’une surdose suspectée au Québec en 2024.
Selon la coroner Godin, cet homme n’avait pas l’intention de mourir ce jour-là. Elle conclut dans son rapport qu’il aurait probablement survécu s’il avait eu accès à un logement, à des services de soutien ou à des mesures de réduction des méfaits.
Des recommandations claires
La coroner formule plusieurs recommandations, dont un meilleur soutien aux sites de consommation supervisée. Elle insiste aussi sur l’urgence d’une stratégie de prévention des surdoses plus solide, mieux financée, et sur la nécessité de mettre fin à la stigmatisation envers les personnes qui consomment des substances.
Elle cite notamment la Maison Benoît Labre comme un modèle intégrant des services adaptés à la crise actuelle, tout en soulignant les violentes réactions citoyennes qui ont suivi son ouverture.
Un projet de loi qui va à l’encontre des solutions
En mai 2025, le gouvernement du Québec a présenté le projet de loi 103, qui vise à encadrer les sites de consommation supervisée, notamment en interdisant leur implantation à moins de 150 mètres d’une école ou d’une garderie. Le projet permettrait aussi d’étendre ces restrictions aux refuges pour personnes en situation d’itinérance.
Pour Sandhia Vadlamudy, ce projet de loi contredit directement les recommandations de la coroner.
« C’est un excellent rapport, avec des recommandations qui auraient déjà dû être mises en œuvre. Malheureusement, les actions du gouvernement ne sont pas en cohérence avec celles-ci », souligne-t-elle.
Elle insiste sur le besoin, exprimé par la coroner, de mobiliser tous les partenaires pour accélérer la réponse à la crise, à l’image de la coordination observée durant la pandémie de COVID-19.
« Il y a un ressenti profond que les personnes touchées par la crise des surdoses sont laissées pour compte. », ajoute-t-elle.
Un appel à agir sans délai
Interpellé·e par le Montreal Gazette, le ministère de la Santé du Québec affirme avoir pris connaissance du rapport et promet une réponse aux recommandations. Il mentionne également des mesures déjà en place, comme l’accès facilité à la naloxone sans ordonnance en pharmacie.
Mais face à l’ampleur de la crise, ces mesures restent insuffisantes.
Pour aller plus loin :
Article : Notre réponse collective au projet de loi 103
Article : Crise des surdoses : comprendre pourquoi les services de consommation sont essentiels
Article : Réactions à la conférence de Pierre Poilievre sur la Maison Benoît-Labre