Une chronique d’opinion récemment publiée dans Le Journal de Montréal prétend démontrer que les services de consommation supervisée feraient « plus de mal que de bien ». Ce type de propos, appuyé sur des sources peu crédibles et des comparaisons douteuses, contribue à entretenir la peur et la stigmatisation, plutôt qu’à fournir une opinion basée sur des faits.
Pourtant, les données scientifiques sont claires : les services de consommation supervisée (SCS) ne favorisent pas la consommation : ils sauvent des vies. Ces services ne nuisent ni aux quartiers ni à la collectivité : ce sont des outils de santé publique essentiels.
Ce que disent les données probantes sur les SCS
Les SCS permettent de :
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Réduire les décès liés aux surdoses ;
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Diminuer la consommation dans les espaces publics ;
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Créer un lien vers les soins, le soutien psychosocial et, pour celles et ceux qui le souhaitent, le sevrage.
À l’échelle canadienne, plus de 49 255 cas de surdose dans les sites de consommation supervisée ont été enregistrés, sans aucun décès, selon les données de Santé Canada (Source : Santé Canada sur la période : janvier 2017 à mai 2025).
Les SCS contribuent également à une cohabitation pacifique dans les quartiers, en réduisant la consommation dans les lieux publics et en offrant des espaces sécuritaires, encadrés par du personnel médical et psychosocial.
Reconnaissance du sentiment de sécurité du voisinage
Nous comprenons et respectons les préoccupations des personnes habitant près des SCS et reconnaissons que le sentiment de sécurité peut parfois être affecté. Notre intention n’est pas de minimiser ces inquiétudes, mais de rappeler que les données scientifiques montrent que les SCS favorisent une cohabitation harmonieuse, réduisent la consommation dans les espaces publics et offrent des environnements plus sûrs pour toutes et tous. Ces services restent des outils de santé publique essentiels, tout en tenant compte du bien-être et de la sécurité du voisinage.
« Ces centres sont des lieux d’accueil, de prévention, de soin et de dignité.
Ils doivent être soutenus, pas réglementés à outrance. »— Simon-Xavier Perreault, coordonnateur de l’Interzone
Un « expert » sans expertise reconnue
La chronique en question s’appuie sur les propos de François Diot, présenté comme « spécialiste des conduites addictives ». Pourtant, M. Diot n’est ni médecin ni addictologue, et son titre de « thérapeute en conduites addictives » n’a aucune reconnaissance scientifique.
Ses positions anti-réduction des méfaits sont bien connues en France, où il a déjà participé à des textes polémiques dénoncés par la communauté scientifique, les personnes détentrices de savoirs expérientiels et les professionnel·le·s du milieu comme trompeurs et stigmatisants.
Comparer la France et le Québec : une erreur de méthode
Comparer la situation française à celle du Québec est une fausse équivalence. Les contextes politiques, sociaux et de santé publique sont radicalement différents.
Au Québec, les services de consommation supervisée sont intégrés à un réseau communautaire et de santé publique solide, reconnu pour sa rigueur et son approche humaine.
En bref, pour une information responsable
Les articles et chroniques sensationnalistes, comme celle publiée récemment, ne cherchent pas à comprendre la complexité du sujet : ils alimentent la peur et détournent le débat public des faits.
Les SCS sont reconnus par les acteur·rice·s de première ligne dans la réponse à la crise des surdoses : le milieu communautaire, les personnes utilisatrices de substances et les institutions de santé publique comme l’INSPQ ou Santé Canada, et même par le gouvernement, qui en a reconnu l’importance tout en cherchant à encadrer les enjeux de cohabitation.
Ils incarnent une approche humaine, efficace et respectueuse des droits et de la dignité des personnes concernées.
Face à la désinformation, restons guidé·es par la science, la compassion et l’expérience du terrain.
Les services de consommation supervisée ne sont pas le problème : ils font partie de la solution.
Pour aller plus loin :

