Lettre ouverte : Projet de loi menaçant les services de consommation supervisée - un recul pour la santé et la sécurité

Lettre ouverte : Projet de loi menaçant les services de consommation supervisée - un recul pour la santé et la sécurité

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Montréal, le 23 octobre 2025 – 

Projet de loi menaçant les services de consommation supervisée - un recul pour la santé et la sécurité 

Depuis son dépôt au mois de juin, de nombreuses voix s'élèvent contre le projet de loi 103, visant à réglementer les services de consommation supervisée (SCS) pour favoriser une cohabitation harmonieuse. Experts en santé publique, personnes concernées, municipalités et organismes communautaires s’entendent : l’adoption de ce projet de loi va mettre des vies en danger et aggraver les tensions sociales dans nos quartiers.

Une réponse politique qui va à l’encontre de la science 
Alors que les discussions sur le projet de loi reprendront bientôt à l’Assemblée nationale, la Coalition pour les services de consommation supervisée au Québec et les 283 signataires dont 153 organismes et regroupements de cette lettre demandent une nouvelle fois son retrait.

Ces derniers temps, des inquiétudes bien réelles ont été exprimées face à la montée de l’itinérance et de la consommation de drogues dans les espaces publics. Ces réalités bousculent et il est légitime d’y chercher des réponses. Or, restreindre un outil de santé publique qui a fait ses preuves n’est pas la bonne réponse à ces inquiétudes.

Les SCS n'augmentent pas la consommation, ils sont des services de santé essentiels qui sauvent des vies. 

Des lieux de prévention, de soins et de dignité 
Les SCS sont avant tout des lieux de prévention, de soins et de dignité. Ils offrent un environnement sécuritaire et encadré par du personnel qualifié aux personnes qui consomment des drogues, pour leur éviter de le faire dans la rue, les parcs ou les ruelles. 

En 2024, plus de 45 000 visites ont été enregistrées dans les SCS de Montréal, chacune représentant un moment où des personnes ont pu consommer en sécurité dans un lieu adapté. Depuis leur ouverture, aucun décès par surdose n’y a été recensé. 

Une réponse concrète aux préoccupations de tous les citoyens
Ces services profitent à toute la collectivité. Évidemment aux personnes qui consomment et à leurs proches, mais aussi au voisinage et aux services d’urgence qui subissent moins de pression. Les données le montrent, lorsqu’un SCS est implanté dans un quartier, cela se traduit par :

  • Moins de consommation dans les espaces publics, grâce à des lieux adaptés et accessibles;
  • Moins de matériel de consommation dans l’espace public, puisque les seringues et autres outils sont gérés de manière sécuritaire à l’intérieur et à l’extérieur du service, grâce à des poubelles portatives ;
  • Plus de sécurité et moins de drames humains.

Les SCS sont donc non seulement des outils de santé publique efficaces, mais ils favorisent également la cohabitation sociale. 

Un recul pour nos quartiers 

Pourtant aujourd'hui , sous le prétexte d’« encadrer » les SCS, le projet de loi 103 menace directement l’existence et le développement de ces services essentiels déjà soumis à un encadrement. Il leur impose une bureaucratie lourde et complexe et donne au gouvernement le pouvoir de fermer des sites déjà bien implantés ou même empêcher l’ouverture de nouvelles ressources. Et il ne s’arrête pas là : le projet de loi menace aussi les lieux qui accueillent des personnes en situation d’itinérance et met en péril l’autonomie des organismes communautaires. Les conséquences seront immédiates et dramatiques : plus de consommation dans la rue, plus de surdoses mortelles, plus de tensions dans les quartiers et un système de santé encore plus saturé. Tout le monde y perdra.

Pour une vraie cohabitation, fondée sur la science et la solidarité
La « cohabitation harmonieuse » dont parle le gouvernement ne se construit pas en fermant des lieux sécuritaires ni en les éloignant des gens. Elle se construit par le dialogue avec les personnes concernées : personnes consommatrices de drogues, autorités de santé publique, municipalités, citoyens·nes et organismes communautaires. Elle se construit en prenant en considération la science, la dignité et les droits de la personne. 

Les SCS ne sont pas le problème : ils font partie de la solution. Ils sont des piliers qui contribuent chaque jour à des environnements plus propres, plus paisibles et plus solidaires. 

Nous appelons le gouvernement à retirer sans délai le projet de loi 103 et à collaborer avec les personnes concernées pour bâtir un cadre concerté qui protège notre filet social. 


Porte-paroles de la Coalition pour les SCS au Québec

Sandhia Vadlamudy
Directrice générale, Association des intervenants en dépendance du Québec

Julien Montreuil
Directeur général, L’Anonyme
 

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