
Cette année encore, l’AIDQ était présente au festival Shambhala en Colombie-Britannique! Julie-Soleil Meeson (Projet Ressource et éducation sur les drogues, REDD) y a collaboré avec des organisations partenaires comme ANKORS et Interior Health.
Elle nous partage son expérience au kiosque d’analyse de substances lors de l’édition 2025, un espace clé de réduction des méfaits au cœur du festival.
L’édition 2025 du Shambhala Music Festival a marqué un tournant pour l’équipe d'analyse de subtances (drug checking). Après plus de vingt ans à assurer la coordination de ce service essentiel, Chlöe Sage, pionnière de l’analyse de substances au Canada, a transmis le flambeau à une nouvelle équipe. La responsabilité est désormais partagée entre Taylor Yonkman, coordonnatrice de l’analyse de substances pour ANKORS, et Antoine Marcheterre, coordonnateur de l’analyse de substances pour la santé publique de l’Interior Health. Cette transition reflète la capacité du service à se renouveler et à évoluer dans le temps, tout en préservant la même mission.
Une structure renforcée au cœur du festival
Après plus de quinze ans au même endroit, le service de drug checking a déménagé dans une structure permanente mieux adaptée aux besoins grandissants. L’organisation a été bonifiée avec :
- 3 balances de précision, dont une achetée grâce aux dons des festivaliers de l’édition précédente pour un calibrage plus fiable des doses ;
- 4 stations d’analyse de substances fonctionnant en parallèle ;
- une équipe solide de 75 bénévoles, formés et engagés pour assurer la sécurité et le bien-être des festivaliers.
En continuité avec les années précédentes, l’offre comprend également un service de consommation supervisée ainsi qu’un kiosque d’information, où les participants peuvent trouver du matériel de consommation plus sécuritaire et divers outils pédagogiques.
(À droite : balance de précision – à gauche : bénévoles du kiosque d’analyse de substances)
Une communication repensé pour les festivalier·ière·s
Une attention particulière a été portée à la manière de communiquer les résultats aux festivalier·lière·s. L’information diffusée sur les écrans concernant les services, les moyens de réduire les risques et la planification sécuritaire de la fête a été entièrement revue afin de refléter les meilleures pratiques en réduction des méfaits
- Cela signifie, par exemple, mettre l’accent sur la loi de l’effet : le contexte, la personne et la substance. Les effets d’une substance ne sont jamais isolés : ils dépendent aussi de la dose, de la situation dans laquelle elle est consommée et des caractéristiques propres à chaque individu.
- éviter des termes trompeurs comme « pur » ou « clean », qui pourraient créer un faux sentiment de sécurité ;
- mettre de l’avant des informations pratiques comme s’hydrater, se reposer, et réfléchir aux mélanges de substances.
Cette approche ne se limite pas à Shambhala : elle inspire l’ensemble des services de réduction des méfaits et contribue à une communication plus responsable autour des substances et des risques possibles.
(À droite : diapositive de prévention – à gauche : Julie-Soleil Meeson et un collègue au kiosque d’analyse de substances)
Des principes de formation qui résonnent largement
Les bénévoles ont bénéficié d’une formation approfondie qui dépasse le cadre du festival et peut inspirer la communauté élargie :
- Neutralité et respect : ne pas juger les substances apportées, éviter toute forme de hiérarchisation (« drug elitism »).
- Diversité et inclusion : adopter un langage sensible aux genres et reconnaître les réalités d’oppressions croisées vécues par les personnes qui font usage de substances.
- Confidentialité : « on teste les drogues, pas les personnes ».
- Transparence : expliquer clairement les limites des technologies utilisées et leurs zones grises.
Ces principes contribuent à renforcer la confiance des usagers et à professionnaliser davantage l’analyse de substances.
(Photo de groupe des bénévoles en analyse de substances – édition 2025)
Une présence québécoise reconnue
L’équipe de 2025 comptait deux Québécois·es, dont une représentante officielle d’organismes : le projet REDD et l’AIDQ. Cette participation a permis de créer des ponts entre la réalité du terrain à Shambhala et les communautés d’intervention et de recherche au Québec, favorisant des échanges de pratiques qui enrichissent le mouvement national.
« À Shambhala, j’ai découvert que l’analyse de substances, ce n’est pas seulement de la science : c’est une façon de prendre soin des autres et de bâtir une communauté où chacun se sent respecté et soutenu.”
- Citation Julie-Soleil Meeson.
Un service intensif et continu pendant 5 jours
L’équipe d'analyse de subtances (drug checking) a travaillé sans relâche tout au long des cinq jours du festival, à raison de 12 heures par jour.
Chaque station d’analyse fonctionnait en binôme : un·e technicien·ne responsable de l’appareil et un·e messager·e chargé·e de communiquer les résultats et de transmettre l’information de réduction des méfaits. Ce rythme soutenu a permis d’accueillir probablement plus de 3 000 personnes venues faire analyser leurs substances ou obtenir de l’information.
Les données officielles ne sont pas encore disponibles, mais les tendances observées étaient sensiblement similaires à celles de 2024, avec une présence marquée de MDMA, MDA, 2C-B et divers comprimés parfois fortement dosés ou mélangés à des substances inattendues
Continuité et avenir
L’édition 2025 de Shambhala confirme la maturité et l’évolution des services d'analyse de subtances (drug checking) au Canada. La transition de coordination, la mise en place d’une structure permanente et la refonte du messaging témoignent d’un mouvement vivant, en constante adaptation.
L’héritage de Chlöe Sage se poursuit, porté par de nouvelles personnes et de nouvelles pratiques. Avec une équipe élargie, des services consolidés et une mission toujours intacte, Shambhala demeure un lieu phare où l’analyse de substances prend tout son sens : réduire les risques et maximiser le bien-être des personnes qui consomment.
Envie d’approfondir le sujet? Voici quelques ressources utiles.
- Découvrez le rapport de l'édition 2024 juste ici : Lire le rapport 2024
- Sage, C., Meeson, J.-S. et Aasen, J. (2021, octobre). Chapitre 1 — Services d’analyse de substances : des espaces inclusifs, dans une perspective de réduction des méfaits.
- Sage, C., Aasen, J. et Meeson, J.-S. (2022, août). Chapitre 2 — L’implantation d’un service d’analyse de substances.