MONTRÉAL, le 19 novembre 2025 – La Coalition pour des services de consommation supervisée au Québec (SCS) dénonce fermement l’adoption du projet de loi 103, par l’Assemblée nationale. Cette loi représente un dangereux recul dans la lutte contre la crise des surdoses. En affaiblissant les services déjà établis et en érigeant des barrières à l’ouverture de nouveaux SCS, le gouvernement met en péril des services de santé essentiels qui sauvent des vies et dont l’efficacité n’est plus à démontrer.
Une loi qui détourne l’attention des vraies causes
Bien que le gouvernement affirme vouloir trouver un équilibre entre les besoins des personnes utilisatrices de drogues et ceux du voisinage, la Coalition rejette l’approche législative qui fragilise le travail des organismes sous le prétexte de la cohabitation sociale. Cette loi entretient l’idée que les tensions observées dans les quartiers proviendraient des services eux-mêmes, plutôt que des crises structurelles (logement, santé mentale, surdoses) auxquelles les organismes tentent justement de répondre.
« Mettre les organismes communautaires, notamment les SCS, au banc des accusés, ne fait que détourner le regard sur notre société qui est une machine à créer des inégalités, aujourd’hui plus que jamais »
- Ajoute Julien Montreuil, directeur général de L’Anonyme et porte-parole de la Coalition.
La Coalition rappelle que les tensions observées dans plusieurs quartiers découlent avant tout d’un ensemble de facteurs structurels, mais aussi de politiques publiques qui précarisent davantage les personnes les plus vulnérables. L’adoption de cette nouvelle loi s’inscrit malheureusement dans cette tendance, tout comme l’absence de renouvellement de la Stratégie québécoise de prévention des surdoses, un outil essentiel, laissé en suspens sans qu’aucun travail ne semble avoir été amorcé. Plutôt que de renforcer les réponses de santé publique, on affaiblit les organismes qui atténuent justement les impacts de ces crises.
Des modifications insuffisantes pour protéger les services
Bien que la Coalition ait toujours été opposée au principe même de légiférer sur les SCS, elle a tout de même mené plusieurs actions visant à modifier le projet de loi 103 dans l’espoir d’en atténuer les conséquences négatives. Ces efforts ont permis le retrait complet de toute forme d’autorisation à l’égard d’un local destiné à accueillir principalement des personnes en situation d’itinérance ou sans-abri. Cette disposition n’avait aucune pertinence, si ce n’est que de créer un amalgame injustifié entre itinérance et consommation. Le projet de loi a également été modifié pour préciser que le plan de cohabitation sociale relève désormais de la responsabilité de Santé Québec, en collaboration avec les acteurs municipaux et les parties prenantes concernées. Toutefois, les membres de la Coalition demeurent profondément inquiets quant à l’application concrète de ces mesures d’atténuation et à leur efficacité réelle sur le terrain.
« En dépit des ajustements obtenus, la loi demeure porteuse d’incertitudes majeures pour la pérennité et le développement des SCS »,
- Souligne Sandhia Vadlamudy, porte-parole de la Coalition.
La loi introduit des contraintes qui risquent de réduire l’accès aux services plutôt que de le renforcer, en fragilisant l’autonomie des organismes communautaires et en ajoutant des limites géographiques qui ne reflètent pas les réalités du terrain. L’ensemble de ces éléments ne répond pas aux besoins urgents des communautés les plus touchées.
Un appel à la vigilance et à la responsabilité du gouvernement
La Coalition demeure vigilante quant à la mise en œuvre de cette nouvelle loi et aux engagements pris par la ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger, notamment en ce qui concerne les enjeux de cohabitation qui ne constituent pas un motif pour refuser l’autorisation à un organisme. La ministre s’est également engagée à offrir un soutien concret aux SCS pour assurer la continuité de leur mission essentielle. Or, les modalités annoncées demeurent floues, notamment en matière de ressources humaines et financières.
La Coalition s’attend donc à ce que le gouvernement applique cette loi de manière cohérente avec ses engagements et avec la reconnaissance qu’il a lui-même exprimée envers les SCS comme acteurs essentiels pour sauver des vies et atténuer les tensions sociales entourant la crise des surdoses.
À propos de la Coalition pour les services de consommation supervisée au Québec
La Coalition pour des services de consommation supervisée au Québec regroupe trente (30) organisations. Leur travail repose sur des années d’intervention directe, d’expertise clinique, de recherche, et d’engagement auprès des personnes en situation de grande précarité. Ensemble, ils forment une voix incontournable dans la lutte contre la crise des surdoses et l’exclusion sociale.
Listes des membres de la coalition
- AIDQ — Association des intervenants en dépendance du Québec
- AQPSUD — Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues
- AQCID — Association québécoise des centres d'intervention en dépendance
- ASPQ — Association pour la santé publique du Québec
- ATTRueQ — Association des Travailleurs et Travailleuses de rue du Québec
- Benoît Labre — Maison Benoît Labre
- BRAS Outaouais — Bureau régional d’action sida
- Cactus Montréal
- CIPTO — Corporation d’intégration à la participation et au travail de l’Outaouais
- Coalition Interjeunes
- Dopamine — organisme communautaire en dépendance à Montréal
- GRIP — Groupe de recherche et d'intervention psychosociale
- L'Anonyme
- La Coopérative de solidarité SABSA
- La Rue Bécancour
- MACADAM Sud
- Médecins du Monde
- Nomade
- OASIS
- PACT de rue — Projet d’accompagnement communautaire en travail de rue
- Point de Rue — Point de Rue Trois-Rivières
- RAPSIM — Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal
- Regroupement des auberges du cœur du Québec
- RISQ — Réseau solidarité itinérance du Québec
- Rocajq — Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec
- ROCQTR — Regroupement des organismes communautaires du Québec en travail de rue
- Service de travail de rue de Chicoutimi
- Sidalys
- Spectre de rue
- Tandem Mauricie — Travail de rue Tandem Mauricie
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Renseignements :
AIDQ
Elise Etienne
Agente aux communications
agcommunication@aidq.org
Tel : 514 287-9625, poste 107

