État mondial de la réduction des méfaits 2025 : entre avancées politiques et crise du financement

État mondial de la réduction des méfaits 2025 : entre avancées politiques et crise du financement

Résumé en français d’après les données de Harm Reduction International

Lire l’article original (en anglais)

Harm Reduction International (HRI) publiait le 19 novembre 2025 une mise à jour de son rapport phare Global State of Harm Reduction. Cette mise à jour brosse un portrait contrasté du paysage mondial : alors que de plus en plus de pays adoptent officiellement la réduction des méfaits dans leurs politiques nationales, une crise sans précédent du financement international menace l’existence même de nombreux services essentiels.

Cette synthèse présente les principaux faits saillants du rapport, ainsi que les tendances observées depuis la publication de la 9e édition en novembre 2024.


Un paradoxe mondial : reconnaissance politique, mais effondrement du financement

Le rapport 2025 expose un constat troublant : d’un côté, 112 pays reconnaissent désormais explicitement la réduction des méfaits dans leurs politiques nationales (une hausse depuis 2024).
De l’autre, l’arrêt soudain du financement des États-Unis en janvier 2025 représente la plus grave menace en décennies pour les services de réduction des méfaits.

Résultat :

  • Des programmes fermés,
  • Des équipes licenciées,
  • Des acquis en santé publique gravement fragilisés.

Malgré tout, HRI souligne la résilience exceptionnelle des communautés et des réseaux de pairs qui, partout dans le monde, tentent de maintenir des services vitaux.


Faits saillants 2025

Expansion des mesures de réduction des méfaits

  • 112 pays reconnaissent officiellement la réduction des méfaits (incluant Ghana, Fidji, Trinité-et-Tobago, Philippines).
  • 19 pays disposent de salles de consommation supervisée, dont la première au Royaume-Uni, The Thistle, ouverte à Glasgow en 2025.
  • 26 pays distribuent des trousses pour consommer de manière plus sécuritaire, dont le Maroc, qui rejoint la liste avec un premier programme actif.

 


Une crise majeure : le retrait des États-Unis bouleverse le financement global

L’arrêt abrupt de l’aide américaine a eu un effet domino immédiat :

  • 92 % des acteur·trice·s interrogé·e·s estiment que la réduction des méfaits est menacée dans leur pays.
  • 62 % parlent d’une menace élevée ou critique.
  • Les pays à revenu faible et intermédiaire sont les plus touchés.
  • Le Fonds mondial, dont les États-Unis étaient le plus grand contributeur, a dû réduire ses allocations et geler ses plans d’expansion.

Conséquences concrètes dans plusieurs pays

  • Kenya : fermeture d’un site de distribution de matériel stérile (NSP) et du plus grand centre OAT.
  • Tadjikistan : fermeture de programmes OAT et NSP.
  • Nigeria : expansion des NSP stoppée.
  • Afrique du Sud : deux sites OAT fermés, réduction des services NSP; COSUP prend tout le relais et est débordé.
  • Ouganda : il ne reste qu’un seul site OAT/NSP dans tout le pays.
  • Cambodge, Mozambique, Tanzanie : services réduits pour survivre.

Impacts humains
La perte d’intervenant·e·s, de pair-aidant·e·s et d’équipes dédiées coupe les personnes qui utilisent des drogues de services essentiels.
Les interruptions de services pourraient entraîner au cours des 12 prochains mois :

  • 3 739 infections au VIH supplémentaires
  • 6 770 infections au VHC supplémentaires

Droits humains et politiques sur les drogues

Les liens entre droits humains et politiques sur les drogues prennent de l’ampleur :

  • Le Conseil des droits humains de l’ONU et la Commission des stupéfiants ont adopté des résolutions historiques en 2024 et 2025 reconnaissant explicitement la réduction des méfaits.
  • La peine de mort pour infractions liées aux drogues reste pratiquée dans 34 pays et a augmenté en 2024 (au moins 615 exécutions).
  • Un progrès notable : le Vietnam a retiré la peine de mort pour certaines infractions en 2025.

Autres développements internationaux

  • Australie : introduction du drug checking en Nouvelle-Galles du Sud; interdiction complète au Queensland.
  • Colombie : ouverture d’une deuxième salle de consommation à Cali; organisation de la conférence HR25 à Bogotá.
  • Géorgie : fermeture forcée des programmes OAT privés et relocalisation prévue de 15 000 personnes vers des sites éloignés.
  • Mexique : campagne fédérale prohibitionniste et réduction du financement en santé; pendant que Mexico adopte des zones de consommation de cannabis encadrées.
  • États-Unis : décret présidentiel menaçant les services de réduction des méfaits et possible expiration de la stratégie nationale VIH/SIDA.

Conclusion : une avancée fragile, menacée par des choix politiques

Le rapport 2025 de HRI révèle une situation mondiale en tension :

  • La réduction des méfaits gagne en reconnaissance politique,
  • Mais son avenir est compromis par des décisions budgétaires internationales.

Les communautés continuent de jouer un rôle essentiel, mais sans engagement financier durable, des milliers de vies risquent d’être perdues.

Télécharger le rapport complet en anglais

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