Cohabiter pour de vrai : ce que révèle le rapport 2025 de l’OCPM sur l’itinérance à Montréal

Cohabiter pour de vrai : ce que révèle le rapport 2025 de l’OCPM sur l’itinérance à Montréal

« L’itinérance n’est pas un problème de lieu, mais un problème de liens. » – Point de rue

Le nouveau rapport de l’OCPM, publié le 10 juillet 2025, envoie un message clair : pour améliorer la cohabitation sociale à Montréal, il faut cesser de penser l’itinérance comme un irritant urbain et commencer à la reconnaître comme une responsabilité collective.

Lire le rapport de OCPM "Itinérance et cohabitation sociale à Montréal"

L’espace public, un bien à partager

La cohabitation sociale ne se résume pas à « éviter les conflits ». Elle implique le partage équitable de l’espace public, en considérant les personnes en situation d’itinérance comme des citoyen·ne·s. C’est ce que souligne la recommandation #1 du rapport, qui appelle la Ville à reconnaître formellement leur citoyenneté et à garantir leurs droits, y compris le droit de vote.

Image provenant du rapport de l’OCPM « Itinérance et cohabitation sociale à Montréal » (2025).

Services exclus, tensions ignorées

Le rapport dénonce aussi l'exclusion de sujets cruciaux comme les services de consommation supervisée et les campements des discussions officielles. Pourtant, ce sont des points névralgiques des tensions sociales, et leur omission compromet une compréhension réelle du terrain.

Des organismes essentiels, mais à bout de souffle

Les organismes communautaires sont au cœur de la réponse à l’itinérance. Accueil, hébergement, accompagnement, réduction des méfaits, soutien psychosocial : ils font tout, avec peu.

« Les organismes communautaires, sur qui la société civile compte pour subvenir aux besoins des personnes en situation d’itinérance, manquent grandement de moyens pour le faire. » – OCPM

Le rapport pointe un sous-financement chronique, mais aussi un système de financement épuisant, instable et inadapté aux réalités du terrain. Trop souvent, ces organismes passent plus de temps à remplir des formulaires qu’à aider les gens.

La recommandation #4 demande à la Ville de revoir en profondeur ses modes de soutien, en finançant les missions globales plutôt que des projets ponctuels, et en allégeant les lourdeurs administratives.

Photo prise par AIDQ, lors de la manifestation de la Journée d’action contre les surdoses à Montréal (2025).

Et maintenant ?

Il est urgent de changer d’approche. Le démantèlement systématique des campements, l’aménagement urbain excluant, le recours à la sécurité privée … Toutes ces mesures ont un coût humain énorme, tout en ratant leur cible.

Le rapport le dit clairement : ce n’est pas l’itinérance qu’il faut démanteler, ce sont les obstacles à la dignité. La cohabitation ne pourra se faire sans logements, ressources adaptées, dialogue et solidarité.

Une responsabilité partagée

La commission appelle aussi la population à s’indigner, mais pas contre les personnes en situation d’itinérance. Plutôt contre l’inaction, contre l’indifférence, contre les politiques qui maintiennent l’exclusion.

« L’ambition des mesures déployées par les autorités en matière d’itinérance est tributaire d’une prise de conscience collective. » – OCPM

Nous avons besoin d’un engagement politique fort, d’actions structurelles, mais aussi de mobilisation citoyenne. Et cela commence par écouter celles et ceux qui vivent la réalité de l’itinérance et par soutenir activement les organismes qui travaillent avec elles et eux.


Pour aller plus loin :

Consultez le rapport complet de l’OCPM

Lire l’article de Radio-Canada

 

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